Des jours comme ça...

Des fois tout va bien, et...sans qu'on s'en rende vraiment compte, d'un coup, plus rien ne va.
Des jours comme ça, où ça déborde.
Je viens d'arriver à l’arrêt "Fatigue mentale critique", celui qui est juste avant "Plus rien ne va".
Depuis une semaine, je ne supporte plus rien, je suis fatiguée. Fatiguée de répéter les choses à longueur de journée "Fais pas ci", "Enlève ça de là", "Arrête de faire tout ce bruit", "Descend de là", répéter et finir par hurler pour être écoutée.
Tendue en permanence, toujours surveiller d'un œil si une fourberie n'est pas en train de se produire, et devoir gronder, encore, parce qu'il fait des choses stupides, parce qu'il fait des choses qui m'exaspèrent, parce qu'il n'est qu'un enfant.

Je sais ça, qu'il est petit, que je lui en demande beaucoup, qu'il y a des choses que j'accepterais mieux un jour qu'un autre. Mais on est pas un autre jour.

Et puis voilà que le petit aussi veut mettre sa pierre à l'édifice, il n'a pas envie d'attendre un autre jour, il me veut moi, il veut de mon temps, et moi je n'arrive pas à le lui donner. Je n'en ai pas envie, pas la force.
Je suis dans ce jour où plus rien n'est attendrissant, pas tes jolis sourires, pas tes bravos maladroits avec tes mains, pas tes cuillères de purées avalées goulument, le regard coquin.

Dans ce jour où je n'arrive plus à être fière, de ton coup d'éponge sur la table après ton repas, de ta parfaite interprétation de "Au clair de la lune", de tes petits bouts d'indépendance.

Je n'entends que du bruit, que des cris et des chouineries, je ne vois que du défi, de l'arrogance de la contradiction.

Et l'Homme qui me dit en rentrant "Tu devrais laisser couler un peu".
Tu devrais...tu devrais...
Je devrais, oui, c'est facile à dire en tous cas. Quand je passe l'intégralité de mes journées face à ça, sans réussir à y voir autre chose qu'une journée de merde. Quand je n'arrive qu'à m'agacer, de tout.

Je sais que je devrais lâcher un peu, j'aimerais pouvoir. J'aimerais aussi un peu de solitude, même si c'est égoïste, juste moi, le silence, lire un peu, écrire un peu.
Mais à chaque fois que c'est "possible", que l'Homme est là pour prendre le relais, je ferme ma bulle, puis j'entends au loin...le bruit, l'Homme qui gronde, qui peste, qui "pfff" parce qu'il doit gérer plusieurs choses à la fois et que c'est compliqué tout seul...
C'est compliqué oui, je confirme.
Sauf que moi la journée je suis vraiment seule, je n'ai pas une béquille "au cas où", qui va venir au bout de quelques "pfff", je n'ai pas quelqu'un qui va encore sacrifier ses 5 minutes de calme pour venir m'aider.
C'est compliqué oui.

L'éternel mal-être de la femme au foyer, l'Homme rentre de sa journée de boulot et a besoin de décompresser. La femme au foyer son boulot, c'est son foyer, et elle a aussi besoin de décompresser, alors comment faire?
C'est sûr chacun pense à soi, chacun veut son moment à soi. Et les enfants? Si eux aussi voulaient leurs moments à eux? Si nos moments individuels pouvaient se transformer en un moment à nous?
Tout le monde se sentirait beaucoup mieux, mais on ne sait pas faire ça.
Pas aujourd'hui.
Parce qu'aujourd'hui est un jour comme ça...

Et demain...?